Victor accueille à nouveau Guénaëlle, fondatrice de l’association les Vélotaffeurs Tressois, pour aborder un sujet crucial : la place des femmes dans le monde du vélo.
Guénaëlle est une passionnée du vélo, engagée dans la promotion de l’égalité femmes-hommes dans le cyclisme. Avec son association, elle s’est donnée pour mission de révéler l’invisible et de corriger les disparités dans ce domaine. Dans cet épisode elle nous partage ses réflexions sur cet angle mort des politiques cyclables.
Bonne écoute !
📌 Retrouvez Guénaëlle et ses initiatives : https://www.linkedin.com/in/guena%C3%ABlle-leroux-8385aa267
🎧 Prêts à pédaler vers un avenir meilleur ? Écoutez l’épisode dès maintenant et découvrez tous les bienfaits insoupçonnés du vélo !
Quelques citations pour vous mettre l’eau à la bouche !
« Les statistiques de l’ADEME ont révélé que dans le monde du vélo du quotidien, les femmes n’étaient que 30%. »
« J’essaye vraiment d’apporter une équité totale dans ces portraits de Vélotaffeuses et Vélotaffeurs. »
« Les Hollandais ont très bien compris; les vélos permettent de passer la jambe très facilement. »
« Les aménagements qui sont proposés ne correspondent pas aux besoins et aux attentes des femmes. »
« Un vélo-cargo ne passe pas entre des rochers sur un petit chemin de campagne. »
« Tant qu’on ne se passe pas avec un vélo-cargo ou une carriole, on ne se rend pas compte. »
« Mettriez-vous vos enfants sur cet aménagement? Et la réponse, elle est non. »
« Si il y avait plus d’égalité dans la répartition des tâches, on aurait plus de femmes à vélo d’ores et déjà. »
« J’ai vécu ça à Bruxelles; c’était deux femmes qui géraient cet atelier. C’était hyper inspirant. »
« Les garçons pratiquent six fois plus le vélo que les filles. Mettez vos filles à vélo. N’hésitez pas. »
Grâce à Autoscript.fr, je vous propose de retrouver la transcription de notre échange.
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Ce podcast animé par Victor Blanchard est proposé par https://bleen.be, et vous accompagne dans votre démarche pour vous mettre ou pérenniser votre pratique du Vélotaf.
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Victor : Bonjour Guénaël et bienvenue de nouveau sur le podcast Vélotaf.
Guénaëlle LEROUX : Bonjour.
Victor : Alors tu es déjà venu pour un premier épisode où on évoquait ton association que tu as créée, les Vélotafers Tressois et tout ce que vous avez pu accomplir en finalement assez peu de temps. Et aujourd’hui, on va évoquer un autre sujet. Celui de la place des femmes dans le vélo parce que c’est un sujet qui te tient à cœur. Un des combats en fait de l’association que tu as créée, c’est aussi la place des femmes. Quand est-ce que tu as compris que c’était réellement qu’un réel angle mort des politiques cyclables ?
Guénaëlle LEROUX : Je pense que je l’ai compris déjà en voyant les statistiques parce que souvent on ne se rend pas trop compte. Moi, quand je vais sur Bordeaux, j’avais le sentiment de voir peut-être autant d’hommes que de femmes. Et en fait, on se rend compte que pas du tout. Les statistiques de l’ADEME ont révélé que dans le monde du vélo du quotidien, elles n’étaient que 30%. Alors dans le cyclotourisme, je n’en parle même pas parce que là, pour le coup, on voit vraiment… Enfin, dans le cyclotourisme, ça saute aux yeux. Elles ne sont que 10%. Mais voilà, moi, ce que j’ai constaté, c’est par exemple dans l’achat du vélo. Des vélos, par exemple, que souvent, ce n’est pas tellement adapté au fait que je veuille mettre mon enfant à l’arrière. Enfin, je trouve qu’il y a aussi un décalage quelque part entre l’offre qu’on a, même les infrastructures qui sont mises en place, et moi, mon ressenti en tant que femme. Donc, c’est ça aussi qui m’a beaucoup questionnée. Puis mon conjoint, qui fait beaucoup, beaucoup de vélos aussi, me disait que lui, il n’avait pas du tout le même ressenti. Et c’est là, en fait, où je me suis aussi rendue compte que… qu’il y avait quand même quelque chose qui n’allait pas. Et sur les associations bordelaises aussi, on se rend compte que dans les conseils d’administration des associations bordelaises, on a du mal à faire venir les femmes. On a du mal, même s’il y a la volonté, à avoir une équité entre hommes et femmes. Donc, est-ce qu’il y a un désintérêt ou un manque d’écoute aussi des femmes ? Voilà, donc ça m’a beaucoup questionnée. Je me suis posée beaucoup de questions. Du coup, j’ai lu beaucoup de rapports et de choses vis-à-vis d’analyse, vis-à-vis de ce manque de représentation des femmes. Et voilà, donc c’est là que j’ai dit, ça va être aussi un de mes combats, parce que déjà, je suis une femme et que je suis la première à me rendre compte qu’il y a du boulot.
Victor : Concrètement, du coup, ça a pris quelle forme ? Quelles actions tu as décidé de mettre en place pour essayer de rééquilibrer cette balance un peu ?
Guénaëlle LEROUX : Comme je l’avais dit dans le premier podcast, en fait, j’avais vraiment envie, en créant cette association, de faire des portraits de Vélotaffeurs et de Vélotaffeurs, montrer que c’est possible. Et en fait, j’attache beaucoup d’importance à toujours faire simultanément un portrait de Vélotaffeur femme et un portrait homme. En fait, j’essaye vraiment d’apporter une équité totale dans ces portraits. Et en fait, en mettant comme ça en lumière et en représentant des femmes équipées, souvent, sur les photos que je mets, je les mets en hiver ou en été, elles sont équipées ou non. Et j’ai beaucoup de femmes qui sont venues vers moi en me disant, je ne pensais pas que, surtout que certaines de nos adhérentes font des trajets qui sont au-delà parfois de 12, 13 kilomètres allés et donc 26 retour. Et voilà. Et j’ai eu plein de femmes qui m’ont dit, waouh, mais je pensais, enfin, je n’imaginais pas qu’on avait vu qu’on pouvait aller aussi loin. Et donc, juste cette représentation des femmes, elle est importante. Dans notre bureau aussi et dans notre conseil d’administration, c’est pareil, j’attache de l’importance à avoir une équité. Au début, on était même plus de femmes finalement. Je ne sais pas si c’est le fait que moi, je suis une femme présidente qui attire aussi peut-être et donne l’envie à d’autres femmes de s’engager avec moi. On a rééquilibré. Maintenant, on est… Moitié, moitié, mais on attache vraiment de l’importance à ce que les femmes soient représentées, en tout cas, autant que les hommes dans notre association. C’est vraiment quelque chose auquel on fait très attention.
Victor : Oui, parce que tu m’expliquais que sur une association vélo bordelaise, qui était quand même assez grosse, il n’y avait aucune femme dans le CA.
Guénaëlle LEROUX : Très peu. Alors, il n’y en a pas aucune, mais il y en a peut-être trois sur 15. Donc, oui, ça manque. Ça manque vraiment. Mais je pense que dans la plupart des associations, finalement, c’est 30% de femmes et représentées aussi dans les associations des métropoles et des villes.
Victor : Tu expliquais tout de suite qu’il y avait un décalage entre l’offre d’équipements et les besoins des femmes. Est-ce que tu peux préciser un peu quels sont les équipements spécifiques dont vous avez besoin ?
Guénaëlle LEROUX : Alors, c’est-à-dire que dès l’instant où on veut commencer à emmener les enfants, les courses, tout de suite, on va parler de long-tail ou de vélo-cargo. C’est des vélos qui coûtent très cher, qui nécessitent un investissement assez conséquent. Et je trouve ça dommage, finalement, parce que moi, par exemple, j’aimerais juste un vélo qui soit léger, mais qui prend en compte… Le fait que je mets des courses à l’avant, je mets un bébé à l’arrière, privilégier des doubles béquilles, par exemple, c’est quelque chose que, finalement, soit on l’installe nous-mêmes, mais des fois, on ne peut même pas. Et je pense que, finalement, les Hollandais, eux, ont très bien compris. Les vélos, on peut passer la jambe très facilement. Moi, souvent, les vélos que je récupère, il faut que je lève très haut la jambe pour pouvoir monter dessus, même s’ils sont qualifiés. Ils sont qualifiés de vélos de femmes. Et voilà, quand je mets mon panier à l’avant, ma roue avant bascule, il tombe si c’est un peu trop chargé. Il y a plein de matériel qui ne correspond pas. Et il n’y a pas que ça. Il y a aussi le type d’aménagement qu’on met en place qui ne sont pas adaptés, pour moi, au ressenti des femmes. Parce qu’on ne va quand même pas se mentir au-delà des clichés. La gestion des enfants et des courses, aujourd’hui, encore en France, même si c’est un combat féministe, incombe largement plus aux femmes au sein des foyers. Donc, au final, aller sur une petite bande cyclable qui fait 80 cm au lieu des 1,50 m préconisés et se faire raser par les voitures qui, souvent, même si ces 30 km heure ne sont pas à 30 km heure, moi, on ne fait pas ça avec les enfants à l’arrière.
Guénaëlle LEROUX : Donc, voilà, je pense que les aménagements qui sont proposés et qui sont mis en place ne correspondent pas aux besoins et aux attentes des femmes parce qu’elles ne pratiquent pas le vélo de la même façon. Le vélo du quotidien.
Victor : Tu as évoqué un peu les infrastructures. Tu me parlais aussi, il me semble, des stationnements ou aussi des éléments qui permettent de fermer une voie à la circulation automobile mais qui ne permettent pas de passer avec une carriole.
Guénaëlle LEROUX : Oui, voilà, exactement. Ça, c’est vraiment un exemple type. C’est que, du coup, moi, je ne veux pas m’équiper d’un longtail ou d’un vélo-cargo parce que, comme je vais à Bordeaux, j’ai envie de garder une certaine légèreté pour pouvoir me faufiler, monter, parce que, c’est vrai, il y en a sans cesse des bordures à monter à vélo. Donc, moi, je veux pouvoir avoir cette maniabilité. Donc, du coup, je n’ai pas de longtail ni vélo-cargo. Alors, pour pouvoir transporter mes courses et mon fils, on a une carriole que j’accroche et que je décroche au besoin. Et ce que je trouve plutôt être un bon compromis. Par contre, on a une certaine largeur. Et ça, ça va être typiquement le genre de choses qu’on va essayer d’expliquer aux mairies. Quand on met des rochers pour empêcher le passage sur un petit chemin de campagne parce qu’on ne veut pas que les camions viennent décharger, OK, mais voilà, moi, je ne passe plus avec ma carriole. Ou quand on va mettre des espèces d’éléments pour faire des zigzags et empêcher sans doute les scooters de passer, moi, je ne passe plus avec ma carriole non plus. Et ça, c’est vraiment une vision que n’ont pas les aménageurs qui… Alors, avec un vélo tout simple, on va réussir à passer quand même, mais avec une carriole, c’est fini, on ne passe plus. Donc, on ferme la porte, quelque part, à cette mobilité, à cette pratique du vélo qu’on n’entend pas. Et pareil, dans les stationnements, quand les arceaux sont trop serrés ou quand ce n’est pas des arceaux, d’ailleurs, des pincerous, je ne peux pas… Enfin, voilà, mon vélo est lourd. J’ai même vu des arceaux vélos être mis en pente. Moi, avec ma carriole, tout bascule vers l’arrière ou vers l’avant. Enfin, c’est… Voilà. Donc, ce n’est pas du tout adapté à nos besoins.
Victor : Tu mentionnes le fait que, justement, les aménageurs ne prennent pas en compte ces besoins. Je me rends compte, en fait, qui aménage le territoire, comment ils font ça et comment on peut influer sur cet aménagement.
Guénaëlle LEROUX : Nous, en fait, on écrit à la mairie. On écrit directement. Heureusement, aujourd’hui, il y a quand même beaucoup d’organismes comme le CEREMA qui donnent des indications. La FUB fait beaucoup de petits guides qui donnent des indications. La FUB est très à l’écoute de ce besoin. Et donc, on peut s’appuyer dessus. Moi, souvent, j’envoie à la mairie des extraits. De ces recommandations en disant, voilà, normalement, les recommandations du CEREMA disent que c’est 1m40 d’ouverture entre deux pierres pour pouvoir permettre à ce type de vélo, des vélos que j’appelle un peu hors normes, de passer. Parce qu’il n’y a pas, finalement, que les carrioles. Un vélo-cargo, il ne passe pas non plus. Donc, en fait, on s’appuie beaucoup sur… Je pense que c’est aussi un manque de connaissance. Ce n’est pas non plus un manque de volonté, mais juste un manque de connaissance et de compréhension. Donc, en fait, tout se passe par
Guénaëlle LEROUX : un mini-plédoyer. Chaque mail ou chaque… Je ne sais pas, qu’on se voit, je ne sais pas, qu’on discute, il y a un mini-plédoyer qui se met en passe. Mais voilà, c’est vrai que c’est parce que moi aussi, j’ai ce ressenti que je peux insister là-dessus.
Victor : Comment s’est reçu ce type de plédoyer ?
Guénaëlle LEROUX : En général, c’est plutôt bien pris. Je pense qu’il n’y a pas… Il n’y a pas de fermeture. Je pense que souvent, ils me disent qu’ils n’y ont pas pensé. Ils m’ont dit, oui, c’est vrai, je n’ai pas du tout pensé à ça. Je pense que c’est vraiment ça, en fait, le problème. C’est vraiment… Oui, je n’y… Je n’avais pas… Tant qu’on ne se déplace pas, finalement, avec un vélo-cargo ou une carriole, on ne voit pas, on ne se rend pas compte.
Victor : Si, du jour au lendemain, tu as les pleins pouvoirs dans ta communauté de communes et que tu dois mettre en place trois mesures qui permettraient vraiment de faire en sorte que plus de femmes se mettent au vélo, ce serait quoi, ces mesures ?
Guénaëlle LEROUX : Là, c’est une bonne question. Déjà, je déploierais beaucoup plus des stationnements adaptés. Aujourd’hui, on a très peu de stationnements vélo. Je trouve que c’est… Alors ça, je pense que c’est même plus… Là, on ne parle même plus de l’incitation aux femmes. C’est vraiment la base de la politique cyclable. Et ça, je pense que souvent, les décideurs ne se rendent pas compte à quel point c’est important, en fait, d’avoir des bons stationnements, et d’en avoir partout, surtout, de déployer et abriter. Parce qu’on a des vélos qui… Enfin voilà, dès qu’on commence à investir dans des vélos qui coûtent cher, des vélos cargo, des vélos électriques, on ne peut pas les laisser aussi sous la pluie. Donc c’est pareil, c’est quelque chose, c’est un combat de dire, il faut abriter les stationnements vélo. Moi, je ferais beaucoup d’événements aussi pour les femmes, enfin, de pédagogie. On a fait un sur la communauté de communes, sur la semaine de la mobilité. On a pu, sur une soirée, parler des femmes. Parler des femmes dans le monde du vélo. On a fait… On a projeté un documentaire, Women Don’t Cycle, très intéressant sur les femmes. Et donc, je remercie d’ailleurs la communauté de communes de m’avoir permis de mettre en avant et mettre en lumière les femmes. Bon, on n’a pas eu… On n’a pas eu beaucoup d’élus. On a été déçus d’ailleurs de ne pas avoir beaucoup d’élus à cette soirée. Mais on ne désespère pas, on en fera d’autres. Donc voilà, des actions, vraiment, peut être aussi celle-là. C’est-à-dire de mettre en lumière les femmes, parler, dire, et si nous parlions des femmes. Et puis, moi, j’y mettrais les centres-bourgs en piétons et vélos. Parce que je pense que l’insécurité… Enfin, voilà, je pense qu’on peut amener de plus en plus les parents sur l’aspect rural. Je pense que les plus gros déplacements quand même, des 2-3 petits kilomètres, c’est vraiment pour aller à l’école, principalement. Et là, les centres-bourgs qui sont ouverts aux voitures, où il y a un stress et une tension incroyable tous les matins. Et à vélo, on est au milieu de tout ça. C’est très compliqué. Moi, je fermerais les centres-bourgs, des petites communes, au moins aux heures des écoles, aux voitures. Je pense que ça peut aider vraiment à donner l’envie, en tout cas, à beaucoup de personnes de se lancer. Et puis, bien sûr, des infrastructures, mais ça fait 4.
Victor : Des aménagements, la visibilité des infrastructures.
Guénaëlle LEROUX : Et des aménagements en dehors des voitures. Je pense que ça a vraiment… Pour moi, ça fera la différence parce que toujours, à chaque fois qu’il y a un aménagement qui est mis en place, je pose la question en disant, mettriez-vous vos enfants sur cet aménagement. Et la plupart du temps, quand c’est des bandes cyclables, quand c’est même des CVCB, souvent aux heures de pointe. Mettriez-vous vos enfants aux heures de pointe sur cet aménagement ? La réponse, elle est non. Et vraiment, pour moi, il n’y a vraiment qu’un aménagement en dehors de la circulation automobile qui peut donner l’envie de se déplacer avec les enfants sur ces aménagements.
Victor : Oui, effectivement. Et donc, en fait, réflexion peut-être, j’enfonce une porte ouverte, mais si il y avait plus d’égalité dans la répartition des tâches entre hommes et femmes, notamment dans le fait de faire les courses et d’amener les enfants, on aurait à situation équivalente à la situation actuelle, plus de femmes à vélo d’ores et déjà.
Guénaëlle LEROUX : Oui, tout à fait, ça c’est une évidence. Voilà, moi, j’ai la chance aussi d’avoir, dans ma vie, un papa qui s’investit tout autant que moi, qui me permet les jours où je vais travailler à vélo de n’avoir que ça à faire, c’est-à-dire je fais que mon trajet vélo et là, dans ce cas-là, c’est mon conjoint qui prend complètement à sa charge notre fils, les courses, donc finalement, il vit un peu la même chose que moi. Quand il faut prendre la carriole, il ne passe pas non plus sur les espaces où on est fermé des accès. Donc oui, je pense qu’en effet, s’il y avait une meilleure répartition des tâches, on verrait sans doute plus de femmes à vélo aussi. Complètement. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, on ne l’a pas, cette équité. Et pour autant, je pense qu’il y a plein de femmes qui aimeraient quand même faire du vélo. Et voilà. Et après, de toute façon, tous ces aménagements qu’on demande et finalement permettront aux familles, et là, on ne parlera plus d’hommes ou femmes, aux familles, de pouvoir se déplacer, et aussi aux enfants. Et puis aux personnes handicapées. C’est finalement le débat sur les aménagements cyclables inclusifs. Il est là
Victor :. Il y a un autre point aussi, qui est un point à l’accès des femmes au vélo dont tu m’as parlé. C’est ce que tu appelles l’embarras mécanique.
Guénaëlle LEROUX : Oui, c’est ça. C’est-à-dire qu’en fait, souvent, les femmes n’osent pas se saisir spontanément de cet enjeu. Donc en fait, nous, on aimerait vraiment faire des ateliers mécaniques. Alors, on y réfléchit, parce qu’on a des possibilités de faire un mixité choisi, c’est-à-dire des ateliers pour les femmes, et que pour les femmes, ou mixtes. Ça, on verra un petit peu comment ça se passe, parce que ce qu’on ne veut pas, c’est que dans des ateliers mécaniques, tout de suite, c’est déjà arrivé, par exemple, que une personne bien intentionnée, un homme bien intentionné, prenne les outils des mains d’une femme qui n’y arrivait pas. Nous, le but, c’est que même si on n’y arrive pas, c’est pas grave, on prend le temps, et on va jusqu’au bout. Et même si c’est long, le but, c’est que vraiment que cet embarras mécanique ce frein. En fait, c’est aussi un frein, parce que des fois, j’ai déjà vu des personnes me dire « Mais moi, si je déraille, je ne sais même pas comment on remet la chaîne. » Le but, c’est d’apprendre les premiers gestes et de les impliquer dans cet enjeu mécanique. Et et et voilà. Donc, on voudrait faire des ateliers mécaniques plutôt simples, changer une chambre à air quand on a crevé, régler un dérailleur, remettre une chaîne, entretenir sa chaîne, parce que souvent, on se rend compte qu’elles n’osent pas, en fait. Elles doivent se dire, peut-être, « J’y arriverai pas, c’est pas pour moi. » Donc là, vraiment, le but, c’est de dire « Si, si, on est tout à fait capables. » Sur les assos vélos bordelais, on a des femmes mécaniciennes et c’est pareil, j’aime beaucoup en parler, les mettre en valeur et j’aimerais bien, d’ailleurs, les impliquer dans les ateliers mécaniques. J’aimerais bien que ce soit une mécanicienne vélo qui vienne nous expliquer comment réparer son vélo.
Victor : Moi, j’ai vécu ça à Bruxelles où je vis, il y a des ateliers mécaniques vélo. Effectivement, la dernière fois que je suis allé, c’est des ateliers participatifs où le but, c’est aussi d’apprendre. Effectivement, c’était deux femmes qui géraient qui géraient cet atelier. Et franchement, moi, je trouvais ça hyper inspirant et elles faisaient ça super bien et elles m’ont appris plein de trucs. Je trouvais ça vraiment chouette.
Guénaëlle LEROUX : Oui, et puis de montrer que c’est possible, que ça existe et que c’est possible, ça peut aussi soulever, pourquoi pas, des vocations.
Victor : C’est aussi le but. Tout à fait, et on en revient à cette importance des rôles modèles, qui est aussi ce que tu fais avec ces portraits de vélotaffeuses pour montrer que c’est possible.
Guénaëlle LEROUX : Exactement. Je pense que c’est vraiment très important de représenter les femmes.
Victor : Et d’ailleurs, toutes tes actions ont pas mal de succès et de résonance. Tu me disais que la FUB elle-même était devenue assez suivie d’assez fraîche que vous faisiez et que leur priorité était devenue de mettre l’accent sur les zones rurales aussi.
Guénaëlle LEROUX : Oui, complètement. En fait, on a la chance d’avoir dans notre association des personnes qui… Je pense à Lucie, qui est spécialisée dans la communication. À Guillaume, qui fait des très jolies photos et qui est assez douée en com. Donc, en fait, on a la chance de pouvoir beaucoup communiquer et mettre des jolies photos colorées avec des enfants, des femmes, des hommes très mis en valeur avec des beaux sourires, etc. Et je pense que ça intéresse aussi… La FUB nous suit. Il voit nos publications. Et donc, en effet, il y a eu plusieurs fois des personnes, des journalistes ou des personnes de la FUB m’ont contactée. On a été mis en lumière aussi sur nos assauts du talent. Ça fait plusieurs fois qu’on a des articles nous concernant. Et en fait, oui, je pense que la FUB le dit et le redit que ces zones rurales où la part modale du vélo s’écroule, s’effondre quand on arrive à avoir un 10% dans une ville, dès qu’on sort de la métropole, ça s’effondre, ça tombe à 1%. Donc, si on veut finalement maintenir cet objectif de dire qu’on aimerait bien qu’en 2026, on ait 4%, 5%, 6% par modale du vélo en France, il faut vraiment s’atteler à aller dans ces zones rurales et semi-rurales. Et là, je crois d’ailleurs, d’après les statistiques, que le nombre de femmes s’écroule encore plus que dans la métropole. Que dans les métropoles.
Victor : Intéressant de voir ce découplage aussi. Ton action est plus nécessaire que jamais, alors. Écoute, Guénaëlle, vraiment, un immense merci d’être venue sur le podcast Vélotaf. Je tiens à souligner que t’es une des deux personnes avec ma sœur qui m’ont fait prendre conscience que dans ce podcast, la parité n’était pas du tout respectée. Et en fait, je me suis rendu compte qu’étant donné que pour moi, c’est aussi un des buts du podcast, c’est de parler justement de féminisme, d’inégalité, que ce soit des inégalités hommes-femmes, des inégalités raciales ou autres, l’inégalité d’accès au vélo de manière générale, c’était important de mettre en valeur des femmes dans le milieu du vélo. Donc, je suis super content que tu sois venue sur le podcast et maintenant, je vais essayer de faire beaucoup plus attention à cette notion de parité. Donc, encore une fois, merci.
Guénaëlle LEROUX : Merci à toi. Si je peux dire juste une dernière chose, je voulais juste te dire qu’à l’enfance et à l’adolescence, les garçons pratiquent six fois plus le vélo que les filles. Les petites filles sont moins poussées aussi par les parents à l’apprentissage du vélo. Donc, je voulais juste te dire, mettez vos filles à vélo. N’hésitez pas.
Victor : Très bon message de fin. Mettez vos filles à vélo ! Merci beaucoup, Guénaëlle.
Guénaëlle LEROUX : Merci.