« j’ai rencontré d’autres gens qui râlaient dans leur coin, je me suis dit “râlons ensemble !” » – Alexis FRÉMEAUX, MDB

« Le secret c’est de doser l’effort » – Alexis FRÉMEAUX, MDB

« On voit bien que les problèmes ne sont pas techniques mais politiques : est-ce qu’on veut faire la place aux vélos ou non ?» – Alexis FRÉMEAUX, MDB

« On a vu qu’on pouvait avoir une ville beaucoup plus calme avec moins de voitures, et qu’en fait c’était plus agréable » – Alexis FRÉMEAUX, MDB

« A tous les cyclistes, si vous voulez bouger les choses, rejoignez ou soutenez une association » – Alexis FRÉMEAUX, MDB

Première association française de vélo, MDB a pour but de démocratiser la pratique du vélo urbain, au moyen de deux leviers : l’aide à la personne (motivation, connaissance, accompagnement) et l’aide à la pratique (aménagements, investissements).

Dans cet épisode, Alexis Frémeaux nous explique le rôle d’une telle association dans la vie du cycliste urbain. Retour sur la pandémie et la pratique du vélo : prendre conscience est une chose, mais comment la pérenniser ? C’est le job de toute une équipe et de tout un réseau d’associations franciliennes. Un but commun : faciliter le vélotaf – comprendre : le vélo du domicile au travail et donc plus largement, le vélo urbain – au moyen d’aménagements des voies, d’augmentation de la sécurité et surtout de démocratisation de la pratique. Engageons-nous ensemble pour un futur cycliste, avec MDB !

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Ce podcast animé par Ermanno DI MICELI est proposé par l’ONG TwoWheelTuesday (@2wteu), et vous accompagne dans votre démarche de changement ou de pérenisation du Vélotaf.

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Full Transcript 

Ermanno: Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce premier épisode du podcast Vélotaf. Pour m’accompagner dans cet exercice aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir un invité en la personne d’Alexis Frémeaux. Bonjour Alexis. 

 

Alexis: Bonjour, comment ça va ? 

  

Ermanno: Moi ça va très bien, chez toi il a l’air de faire beau, chez moi c’est le cas aussi, et donc ça remet un petit peu de baume au cœur, et puis surtout c’est un temps idéal pour aller pratiquer le vélo! 

  

Alexis: Exactement, ça donne envie de sortir avec son vélo, et moi, Alexis Frémeaux, en tant que président de l’association Mieux Se Dépasser à Bicyclette, qui est une association qui est francilienne, qui est à Paris, et puis dans 60 villes de banlieue parisienne, on essaie de pousser les gens, et effectivement quand il fait beau, ça aide, c’est quand même un argument, notamment pour les gens qui se mettent au vélo. Franchement, si vous avez quelqu’un que vous voulez dégoûter, vous lui dites sortez le jour de pluie pour la première fois, mais sinon profitez d’une belle journée comme celle-là pour essayer de mettre les gens au vélo, c’est quand même plus simple. 

  

Ermanno: C’est vrai que c’est un petit peu à double tranchant, parce que personnellement j’habite à Luxembourg, je sais qu’on a un peu le même temps qu’à Paris, c’est-à-dire toujours très ensoleillé, très chaud, tout le monde est enjoué avec ce beau soleil, bon non, c’était ironique, mais quand j’ai repris le vélo de façon plus compétitive, plus sportive, un ami m’a emmené, on était le 2 janvier, il faisait moins 10, et il m’a dit je sais pas comment t’as fait, 10 ans sans faire de vélo, tu sors dans ces conditions-là, c’est juste exceptionnel, donc là tu vas pouvoir tout péter toute la saison, et il avait pas tort, mais c’est peut-être à double tranchant, on risque aussi peut-être un petit peu d’effrayer certaines personnes quand on commence dans des conditions comme ça, ou quand on commence dans des conditions aussi bonnes qu’on a actuellement, ça écarte peut-être justement les gens dès que le ciel devient un petit peu plus gris, ou que quelques gouttes de pluie arrivent, non ? 

  

Alexis: Pas forcément en fait, nous en tant qu’association justement on cherche à convaincre des nouveaux cyclistes, donc effectivement autant le faire dans les meilleures conditions, parce que moi c’est ce que je dis toujours aux gens, si vous vous lancez à 18h un vendredi soir Place de l’Etoile, vous allez voir, le vélo urbain ça va durer une minute. Lancez-vous le dimanche matin, sur un trajet que vous connaissez, loisir, un jour où il fait beau, tranquillement, faites pas une distance trop longue, commencez comme ça, vous verrez, vous aurez du plaisir, et c’est par le plaisir en fait qu’on recommence. Le vélo taf ou le vélo urbain ça doit procurer du plaisir, ça doit procurer du bonheur, si c’est juste la même corvée que de monter dans sa voiture ou dans les transports en commun, le compte y est pas et on mettra pas les gens à vélo. 

  

Ermanno: Tout à fait d’accord avec toi. Je manque à tous mes devoirs, puisque je t’ai juste présenté avec ton prénom et ton nom, mais je t’ai pas donné plus de temps, donc prenons un petit peu de temps pour savoir qui est Alexis Frémaux, quel âge as-tu, que fais-tu dans la vie, et puis peut-être comment est-ce que tu es venu au vélo taf ? Tu nous as dit rapidement tout à l’heure que tu es président de l’association Mieux se déplacer à bicyclette, comment est-ce qu’on devient président d’une telle association ? Est-ce que c’est un engagement citoyen ? Est-ce que c’est une question d’éthique ? Comment es-tu arrivé là ? 

  

Alexis: Alors j’ai 38 ans, je travaille dans le monde du développement international, donc l’aide au pays au développement, donc pour moi la présidence associative c’est un engagement bénévole en plus, qui me prend de plus en plus de temps, parce que là je suis même passé à 4-5ème au travail pour avoir une journée complète sur l’engagement associatif. Comment on en est arrivé là ? Moi tout simplement localement, je me suis dit j’en ai marre de râler tous les matins parce qu’il y a des voitures garées sur la piste cyclable, parce que c’est une bande cyclable toute pourrie qui change 3 fois de sens en 500 mètres, comment je change les choses ? Et puis… Et puis est arrivé le budget participatif de la mairie de Paris, donc on a eu un levier pour proposer des idées, essayer de changer les choses. Dans ce cadre-là, j’ai rencontré d’autres gens qui râlaient dans leur coin, et puis on s’est dit, on va râler ensemble ! Râlons ensemble à Paris 13ème pour faire changer les choses, on a déposé un projet, et la mairie, on sentait bien qu’ils n’y croyaient pas trop, et puis le projet est arrivé deuxième du vote des habitants. Boum ! Et là, la mairie s’est dit, mince, il va falloir le faire. Et donc on a commencé à travailler travailler avec eux pour monter le projet, et puis aujourd’hui, maintenant, ça a pris un peu de temps, parce que, voilà, le temps  qu’il y ait les études, la palabre, la concertation, convaincre le maire que vraiment c’était possible de supprimer 200 places de stationnement en surface, parce qu’il y a des parkings souterrains partout, voilà, un peu de travail de confection, mais on y est arrivé, et maintenant on a une belle piste cyclable, et en un sens, ce premier engagement, cette première vision, cette première victoire, ça donne envie ensuite de continuer, et de continuer à se battre, et au-delà de son quartier, de son arrondissement, et de prendre plus de responsabilités pour faire avancer le vélo à Paris et en Ile-de-France, et c’est ce que j’essaye de faire depuis 5 ans que je suis président de MDB, c’est vraiment partout qu’on a besoin de faire progresser le vélo. Tous les moyens sont bons. 

  

Ermanno: Alors on reviendra un petit peu tout à l’heure sur l’association, sur l’histoire de l’organisation, sur l’histoire de, peut-être, l’administration de l’association, et puis les différentes missions que vous défendez. Moi, je voulais rester sur toi, on l’aura bien compris. Du coup, tu pratiques un peu ce déplacement urbain à vélo, ce cyclisme urbain, ou ce fameux vélo-taf ? 

  

Alexis: Moi, je suis multi-casquette. J’ai toujours fait du vélo, en fait, depuis que je suis jeune et petit. Moi, j’aimais bien aussi faire du vélo un peu plus sportif, partir sur 100, 200 kilomètres. Pas forcément au lycra, mais en mode quand même assez… plus rapide. Et puis, assez logiquement, quand je suis revenu sur Paris, et puis que j’ai eu aussi un travail qui était à une distance, qui était assez proche de mon domicile, je me suis dit, je refais du vélo pour me déplacer. Et c’est un peu une drogue, plus on en fait, plus on s’en sert. Donc aujourd’hui, je suis à la fois effectivement dans le vélo-taf pour me rendre à mon travail. Je ne me considère pas vraiment comme vélo-tafeur. Moi, j’ai quatre kilomètres le matin, quatre kilomètres le soir. C’est plutôt ça, c’est de décoller. C’est des compressions et puis surtout le vélo au quotidien avec les enfants pour faire des courses. Il y a effectivement la marche. Et puis, dès que c’est un peu plus loin, on prend le vélo. C’est naturel et ça se fait tout seul. 

  

Ermanno: Donc, non seulement tu t’engages au niveau de la société pour défendre le déplacement urbain en vélo, en plus, tu le pratiques et en plus, tu le transmets à tes enfants. Ah mon Dieu, non, mais ce n’est pas possible. Il faut arrêter, il faut arrêter. Reprenons les voitures. 

  

Alexis: C’est horrible. Ils sont déjà endoctrinés. Quand ils sont dans le vélo Carago. Ils chantent plus de pistes cyclables, moins de voitures tout le long du trajet. Donc non, je crois que je les ai définitivement contaminés. Mais après, ça peut changer à l’adolescence. Peut être qu’ils s’achèteront un scooter à l’adolescence et que je n’aurai rien à dire. Il faut être modeste sur ses capacités éducatives. 

  

Ermanno: Espérons que d’ici là, ce sera des scooters électriques ou des scooters à l’hydrogène. Comme ça, ça polluera déjà un petit peu moins. 

  

Alexis: J’espère que surtout, on aura convaincu les gens que le vélo aura à peu près les mêmes services et que donc, on peut faire du vélo et que c’est meilleur pour tout le monde : pour soi même, pour sa santé et pour la planète aussi, parce qu’effectivement, ça consomme moins d’énergie. 

  

Ermanno: Justement, sur l’utilisation du vélo pour se déplacer au quotidien, tu l’as dit, tu n’es pas uniquement vélo-taffeur et même tu as dit que tu ne te considérais pas tout à fait comme un vélo-taffeur. Moi, je pense que dès que tu montes sur le vélo, que ce soit pour faire 300 mètres ou 300 kilomètres pour aller au boulot, tu peux être affublé de ce petit sobriquet. Donc, cher vélo-taffeur, bonjour. Mais plus sérieusement, comment est ce qu’on pratique ce genre de déplacement à vélo, surtout dans des communes comme celles que l’on connaît en région parisienne, non seulement il y a du monde, il y a des voitures. Parfois, il n’y a plus de pistes cyclables. Les pistes cyclables, tu l’as dit tout à l’heure, parfois elles changent de sens tous les 300 mètres ou elles s’arrêtent. 

  

Alexis: Ou elles disparaissent. 

  

Ermanno: Ou elles disparaissent ou on a très étonnamment des livreurs qui pensent que ce sont des places de stationnement. Et puis, il y a aussi l’aspect climatique. C’est certainement plus facile d’être vélo taffeur à Marseille que d’être vélo taffeur à Paris ou à Lille. Comment est ce qu’on pratique au quotidien ? Comment est ce que toi, tu te prépares, par exemple, le matin quand tu vas au boulot ? Est ce que tu es en costume ? Est ce que tu mets un petit short ? Tu as un imperméable quand les jours de pluie ou comment on fait tout ça ? 

  

Alexis: Alors moi, déjà, je me prépare comme si j’allais au travail. Donc je mets un costume. Ça va, je n’ai pas à mettre de cravate. Quand j’en mettais une, je la mettais plutôt en arrivant parce qu’effectivement, faire du vélo avec le costume et la cravate qui vous sert comme ça, c’est quand même mettre toutes les chances de transpirer de son côté. Et la clé, ce n’est pas vraiment la préparation. Effectivement, éviter de mettre le gros manteau, mais ça, normalement, au bout d’une fois, normalement, c’est compris. Donc le principe, un peu oignon et puis pas trop couvert. Il vaut mieux avoir froid les cinq premières minutes et ne pas arriver transpirant en arrivant. Et puis après, surtout, le secret, c’est de doser l’effort. Et c’est comme en marchant, en fait, c’est marcher ou courir. Et à vélo, vous avez toujours la possibilité de marcher ou courir, en fait. Et moi, j’essaie d’aller doucement parce que déjà, je ne vais pas très loin. Et puis parce qu’il y a quand même beaucoup d’obstacles en ville. Et rouler doucement, c’est aussi un moment de se préserver aussi des autres et dans un environnement urbain qui reste difficile pour les cyclistes. On a beaucoup progressé. Il y a de plus en plus de pistes cyclables. Paris s’est vraiment transformé ces dernières années. Et puis, il y a de plus en plus de cyclistes aussi. Donc ça joue aussi sur la sécurité collective et sur le fait que les autres usagers appréhendent le vélo. Ils s’attendent à voir des vélos. Ce n’est pas une surprise de voir un vélo. Après, ça reste quand même un environnement urbain hyper dense et qu’on ne retrouve pas. Vous disiez tout à l’heure à Marseille, c’est peut-être plus facile pour le plan climatique, ils ont peut-être le climat, mais pour tout le reste, c’est quand même plus compliqué. Mais ce qu’on voit, à part sur une ville comme Marseille, qui est vraiment hostile aux cyclistes, sur les autres villes, c’est qu’on n’a pas cette densité, cette pression qu’on peut avoir en région parisienne de circulation qui est extrêmement dense, qui est extrêmement intense, notamment aux heures de pointe. Et donc, ça justifie encore plus d’avoir des aménagements qui soient de qualité, qui soit continu et qui permette de pratiquer le vélo, parce que sinon, assez vite, en fait, ça ne devient pas agréable. En fait, je disais, la clé, c’est quand même que les gens aient du plaisir. Si votre trajet, c’est vous faire coller par un bus, engueuler par un automobiliste qui est hyper frustré parce qu’il vient de passer 10 minutes dans les bouchons et juste au moment où il peut accélérer, il y a un connard de cycliste devant lui. Mais c’est un peu ça à Paris. Et donc, résultat, votre trajet, à la fin, vous arrivez au boulot. Vous n’êtes pas détendu. Vous êtes encore plus stressé, encore plus tendu. Moi, le but de faire du vélo le matin et le soir et de revenir, c’est aussi d’avoir ce petit moment tranquille où je vide ma tête. Et c’est ça aussi, là, je trouve le bonheur de vélo-taffer, même si je ne me classe pas dans les vélo-taffeurs héroïques qu’il faut à 25 km le matin, 25 km le soir. Et je peux même avouer que quand il pleut, et c’est une question tout à l’heure, il peut m’arriver quand il pleut très fort de prendre le métro, j’avoue. 

  

Ermanno: Alors mettre le vélo dans le métro, peut-être pour espérer que le soir, il y ait une éclaircie. 

  

Alexis: Non, non, non, non, même pas. Non, non, non, je respecte les autres usagers des transports en commun. 

  

Ermanno: J’avais deux questions sur l’aspect un petit peu logistique. La première, on ne peut pas le nier, en ces temps de pandémie, beaucoup de gens sont restés chez eux. Mais j’ai cru voir qu’à Paris, justement, la pandémie avait eu cet effet bénéfique d’avoir aménagé des tronçons de routes ou de trottoirs en pistes cyclables. Toi qui suis justement à Paris. Justement, un petit peu cette partie logistique des choses. Tu nous as parlé justement de ton engagement qui a commencé par l’aménagement de la piste cyclable autour de chez toi. Qu’est-ce que tu penses de cette transformation ? Un petit peu des rues, des routes, des trottoirs de Paris ? J’imagine que tu vas me dire que ce n’est pas bénéfique. Mais qu’est-ce que tu en penses véritablement d’un point de vue pratique ? Parce que certaines pistes cyclables ont été faites très vite. Il y a des nids de poules, ça passe dans tous les sens. On s’y perd un petit peu quand on est au milieu des automobiles. Post pandémie, qu’est-ce que tu penses de ces ajustements, de ces aménagements qui ont été faits par les communes d’Ile-de-France ? 

  

Alexis: Ces aménagements, ils sont hyper utiles aujourd’hui parce qu’effectivement, on a eu à la fois la pandémie et puis on a eu brutalement un transfert de gens qui prenaient les transports en commun, qui n’ont plus voulu prendre les transports en commun et qui ont choisi le vélo comme alternative. Et ces gens-là, c’étaient des cyclistes qui découvraient le vélo. Ça a créé en fait un volume de cyclistes qui est exceptionnel. Et on a eu une explosion de la pratique. On a quasiment multiplié par deux à Paris. C’est énorme. Sur les modes de transports multipliés par deux en un an. Imaginez que dans le RER, il y a deux fois plus de gens d’un coup. Ça serait juste horrible. Là, c’est encore gérable. C’est encore gérable aussi parce qu’il y a eu ces aménagements. Et ces aménagements, de ce point de vue-là, ils sont aujourd’hui, ils permettent aux gens de se déplacer à vélo à des endroits où c’était très compliqué. Dans Paris, il y avait effectivement des grands boulevards urbains où il n’y avait aucun aménagement et où c’était quasiment impossible de faire du vélo de manière sécurisée et agréable, comme j’ai dit tout à l’heure. Donc, ça a été vraiment un déploiement impressionnant. Et ça a montré aussi que certaines choses qui étaient bloquées depuis des années, je pense par exemple au pont de Neuilly, ça relie le quartier d’affaires de la Défense à Paris, à Porte Maillot, puis au centre de Paris. Donc, un point quand même majeur du réseau cyclable. Il n’y avait rien du tout. Les cyclistes devaient passer sur le trottoir, sur le pont. Ce n’était même pas éclairé. C’était n’importe quoi. Là, on a mis une glissière en béton et puis on a dit il y a une voie de l’autoroute qui est transformée en piste cyclable. Ça a pris 48 heures. Donc là, on voit bien que les problèmes, ils ne sont pas techniques, ils sont politiques en fait. Est-ce qu’on veut faire la place au vélo ou est-ce qu’on ne veut pas la faire ? Et là, en quelques semaines, on a fait la place au vélo, on a fait la place aux grands. Maintenant, il faut les pérenniser ces pistes, il faut les transformer. Effectivement, elles ont été faites rapidement, donc petit problème. Puis des fois, on oublie qu’il fallait quand même, il y a eu besoin de livraison. Il y avait besoin que les éboueurs passent, donc il y a des petits ajustements. Mais l’avantage aussi de tous ces aménagements, c’est que comme c’est des aménagements légers, tout peut être modifié assez rapidement. Vous n’avez pas coulé du béton, vous n’avez pas mis des bordures qui sont là pour durer 30 ans. Vous avez des choses qui sont flexibles. Et nous, on appelle aussi les collectivités à tirer des enseignements pour se dire comment on peut déployer des pistes cyclables plus rapidement. Comment on peut faire en sorte que ça ne prenne pas 3 ans, 4 ans, un projet de piste cyclable, mais qu’en 6 mois, on puisse faire des aménagements qui soient légers. Et les aménagements, au côté réalisé, ils sont légers, mais ils sont très efficaces parce qu’ils fonctionnent. Et il y a, oui, effectivement, des fois, où ce n’est pas parfait, mais les aménagements durs, ils ne sont pas toujours parfaits non plus. Donc la perfection n’est pas vraiment de ce monde. Donc ce sont toujours des compromis. Mais ce que nous, on constate, c’est qu’on a réussi à faire, par volonté politique, en quelques semaines, ce qu’on demandait depuis des années, parfois des décennies. Et donc ça, c’est quand même quelque chose qui a démontré que le problème n’était pas technique et n’était pas financier. C’est juste la volonté politique. Est-ce qu’on veut faire la place au vélo dans nos villes ? Oui ou non ? 

  

Ermanno: Alors justement, en quoi est-ce qu’une organisation, une association comme celle dont tu es le président, et tu vas nous rappeler le nom parce qu’il va falloir le matraquer à maintes reprises, en quoi est-ce que ton association intervient dans ce processus de création d’aménagements qui soient lourds ou légers, mais favorisant l’utilisation du vélo ? Et puis en quoi vous êtes intervenu là pendant cette phase pandémique, post-pandémique, et comment vous allez intervenir encore après ? 

  

Alexis: Nous, à Mieux se Déplacer à la Bicyclette, puis avec l’ensemble des associations françaises, à travers la Fédération des usagers de la bicyclette, donc la Fédération nationale, on s’est mobilisés tout d’abord pour que le vélo soit autorisé. Parce qu’au début, en fait, comme les décideurs, et ils ont des fois encore un peu en tête l’idée que le vélo, ce sont des gens qui font le tour de France et pas des gens qui se déplacent, et bien effectivement, vélo, loisirs, pandémie, non, tu ne vas pas faire ta sortie vélo, tu restes chez toi. Oui, mais moi, je me déplace à vélo. Si je dois aller travailler parce que je travaille dans un hôpital, si je dois aller faire mes courses parce que je fais mes courses à vélo, pourquoi je suis obligé de prendre ma voiture ? Parce que c’est pandémie. Voilà. Donc la première bataille au début, au tout début, ça a été de dire : le vélo est un mode de déplacement légitime comme les autres. Les gens ont le droit de se déplacer à vélo pendant la pandémie. Il n’y a pas de raison. Ça, ça a été le premier point. Une fois qu’on a eu ça, le deuxième point, ça a été de dire, vous allez voir, les gens ne vont pas vouloir aller dans un transport en commun. Dans les grandes villes, il faut faire un effort sans précédent sur le vélo. Et donc ça, ça a été un travail de conviction auprès des élus pour leur dire, regardez ce qui se passe, regardez ce qui se passe ailleurs. Vous voyez, il y a des aménagements tactiques qui sont mis en place. On peut faire pareil. On peut frapper fort. On peut aller vite et ça va être ultra nécessaire pour gérer le déconfinement. Et ça, c’est dans les quelques semaines qui ont précédé le déconfinement qu’on a mis aussi la pression sur les décideurs, sur les élus, avec nos associations pour leur dire, faites des aménagements, sinon vous allez avoir un gros problème en sortie de crise. Et profitez-en. Prenons l’espace. Prenons l’espace. Prenons l’espace. C’est ça le nerf de la guerre. Ça, ça a été notre action aussi. Ça a été notre action aussi après, au moment de deuxième phase, pour expliquer, par exemple, au préfet de police de Paris que le port du masque à vélo, c’était gentil, mais que ce n’était juste pas adapté. 

  

Ermanno: Et peut-être parfois, dangereux aussi. Je pense pour les gens qui ont parfois du mal à respirer. 

  

Alexis: Et peut-être parfois dangereux. Moi, je porte des lunettes en plus. Donc, avec la buée, effectivement, le vélo en mode sauna, ça ne marche pas très bien. Donc, ça a été ça. Des actions aussi des associations. Et derrière, le préfet de police qui se rend compte qu’effectivement, ça ne va pas très bien marcher et qui modifie son arrêté. Donc, ça a été tout un tas de combats tout le long de la crise pour faire que le vélo soit reconnu et qu’en plus, on utilise cette crise et les bouleversements que ça a engendré en termes de mobilité pour mettre en place des aménagements qui sont demandés en fait par les habitants et qui étaient attendus depuis des années et qui aujourd’hui montrent que, en un sens, les collectivités, elles n’ont fait que rattraper le retard qu’elles avaient accumulé ces dernières années. 

  

Ermanno: Là, on commence tout doucement à sortir de ce confinement. Alors, la pandémie, je ne sais pas. Mais en tout cas, on commence à sortir un petit peu de ce confinement. Tu l’as dit, vous avez profité de cette période exceptionnelle justement pour faire un petit peu de lobbying. Je ne sais pas si on peut dire ça comme ça. 

  

Alexis: Si, si, on assume, on assume. Le tout puissant lobby du vélo ! 

  

Ermanno: Donc, vous avez fait un peu de lobbying auprès des politiques, auprès des décideurs pour redonner une place au vélo. Je ne dirais pas donner, mais véritablement redonner la place au vélo pour les déplacements quotidiens, pour les déplacements même sporadiques, mais redonner une place au vélo dans les villes et surtout dans les grandes villes. Malgré tout, le trafic actuellement n’a pas encore repris comme c’était pré-pandémie. Est-ce que vous avez des petites inquiétudes sur la sortie de crise quand on sortira peut-être dans six mois, dans un an, que le trafic va reprendre ? Ou est-ce que tu penses que les gens, justement, auront pris peut-être des bonnes habitudes ou auront lâché les mauvaises ? 

  

Alexis: À Mieux se Déplacer à la Bicyclette, on est assez inquiets parce que là, effectivement, en Ile-de-France, on a déjà, on a bien déconfiné. Et ce qui ressort, c’est qu’il y a quand même deux grands gagnants sur les mobilités, il y a deux grands gagnants de la crise. Il y a le vélo, ça c’est sûr, et la voiture. Et donc les gens qui ont quitté les transports en commun, certains se sont mis au vélo, c’est très bien, on est super contents. Et il y en a aussi, et il ne faut pas le nier, il y en a aussi qui se sont remis dans leur voiture. Et ça, pour le coup, alors qu’on n’est pas entièrement déconfiné, on a déjà des pics de bouchons qui sont très importants. On sent toutes les nuisances qui reviennent, le bruit, la pollution, tout ça, c’est revenu, l’insécurité routière. Et tout ça, c’est aussi un obstacle à la pratique du vélo parce qu’effectivement, plus il y a de monde sur les routes, plus les gens sont énervés, plus les gens sont stressés, et plus, en fait, vous, en tant qu’usagers vulnérables, que vous soyez piétons ou cyclistes, vous êtes mis sous pression. Et quand vous êtes mis sous pression, effectivement, votre trajet vélo, assez vite, il devient assez désagréable. Et on a un sens, si on veut que les gens retournent dans les transports en commun, aujourd’hui, la pression automobile, elle risque de pousser, certains cyclistes, à renoncer. C’est de ça dont on a peur et c’est le message, aujourd’hui, qu’on passe aux élus. On leur dit, si vous voulez que les gens continuent à faire du vélo, il faut que ça se passe bien. En plus, les gens, ils ont été habitués à une ville, il n’y avait pas trop de voitures, où c’était à peu près calme, on pouvait faire du vélo tranquillement parce qu’il y avait beaucoup moins de circulation. Si cette ville-là, aujourd’hui, elle disparaît, vous allez aussi dégoûter un certain nombre de cyclistes qui vont se dire, mais c’est invivable, on ne peut pas faire du vélo dans ces conditions. Nous, on espère, et c’est pour ça que je reste optimiste, j’espère que le confinement et toute cette période où on a eu moins de bruit, moins de nuisances, moins de circulation, elle a aussi montré, dans les grands centres urbains, qu’une autre ville était possible aussi. Et ça, je pense que ça fait partie des quelques éléments, peut-être positifs aussi, qui peuvent être tirés de cette pandémie, qui a quand même été un épisode traumatisant et difficile pour tout le monde, mais en tout cas, on a vu qu’on pouvait avoir une ville qui était beaucoup plus calme, avec moins de voitures, et qu’en fait, c’était plus agréable. 

  

Ermanno: On parle beaucoup du vélo-taf versus la voiture. À mon sens, il y a aussi un autre ennemi, beaucoup plus pernicieux du vélo tafeur, c’est tout simplement le cycliste sportif de compétition, dont j’ai fait partie pendant quelques temps, qui s’agace aussi un petit peu quand, sur une piste cyclable, il croise une famille qui ne sait pas très bien faire du vélo, ou les enfants qui débordent un petit peu sur la voie d’à côté. Comment toi, en tant que justement président de l’association Mieux se Déplacer à Bicyclette, tu vois ça ? Est-ce que tu vois effectivement ça comme un problème ? Est-ce que tu penses que la pandémie a eu du bon là-dedans ? Est-ce que tu penses que les mentalités ont un peu changé ? Ou est-ce qu’au contraire, effectivement, le vélo-tafeur va avoir deux, voire trois ennemis, la voiture, les livreurs, les piétons et les cyclistes sportifs ? 

  

Alexis: Moi, je suis optimiste. Après, là, je vais répondre en tant que papa d’une petite fille de trois ans qui s’est mise au vélo, et donc qui commence à faire du vélo, effectivement, sur les pistes cyclables. Et effectivement, ça peut m’arriver de m’énerver un peu contre certains cyclistes qui passent un peu trop près d’un enfant de trois ans qui commence, donc qui n’a pas une trajectoire totalement assurée. Et donc, effectivement, il faut réussir à cohabiter ensemble. Après, ce que je vois aujourd’hui, maintenant, on a tous les publics sur les pistes cyclables. Et ça, ça montre qu’on a des aménagements qui sont inclusifs. Et dès lors qu’on a les pistes cyclables, on est capable de mettre des personnes âgées, des enfants, des gens super habiles sur un vélo, des gens beaucoup moins assurés. Et tout ce petit monde cohabite. Il y a des petites frictions, effectivement, et ça peut arriver. Mais il n’y a rien de dramatique. Il n’y a pas de mort, il n’y a pas d’accident. Voilà, au pire, on ne se comprend pas. On se rend un peu dedans à trois à l’heure. On s’énerve au pire si on est vraiment énervé, mais rien de grave. Et ce que je vois aussi, ce n’est pas le vélo-taffeur, le cycliste avec un enfant sur son porte-bagages et d’un côté, le cycliste sportif. C’est de plus en plus poreux. Et ce qu’on voit aujourd’hui, c’est que dans le monde du cycliste sportif, je regardais sur Twitter, je voyais un cycliste sportif avec un cycliste professionnel emmener ses enfants sur un vélo cargo. Et là, tu te dis, ça change en fait. Il y a 15 ans, un cycliste professionnel, il n’aurait jamais communiqué, même s’il le faisait. Je ne suis pas sûr qu’il l’aurait fait, mais en plus, il n’aurait jamais communiqué sur le fait qu’il faisait du vélo cargo avec ses enfants. Parce que ça cassait l’image. Aujourd’hui, on a un rapprochement et on voit bien, sur toutes ces questions, l’avenir du cyclisme, il est bien dans le cyclisme urbain et en un sens, l’image du cycliste de route qui arrive avec sa voiture, avec le vélo sur le porte-vélo et qui reprend sa voiture et qui engueule le cycliste sur la route, le premier qu’il croise parce qu’il ne se range pas assez à droite. Je pense que cette image-là, elle est assez vite dépassée et qu’aujourd’hui, on a justement un rapprochement entre ces différents mondes parce que le cyclisme urbain progresse et que les cyclistes, qui font du cyclisme de route, en un sens, c’est les premiers à pouvoir passer aussi facilement au cyclisme urbain parce que quand vous roulez sur une route où les bagnoles roulent à 80 km heure, en ville, vous n’avez pas peur. 

  

Ermanno: C’est clair. Justement, pour revenir sur l’association dont tu es président, à savoir Mieux se Déplacer à Bicyclette, est-ce qu’on peut refaire un petit peu l’historique de l’association ? Et puis, j’aimerais aussi que tu nous en dises encore un peu plus sur les actions que vous menez au quotidien pour défendre le déplacement en vélo.  

  

Alexis: Je ne vais pas faire l’historique parce que l’association, elle est née avant que je sois né. Donc, ça serait un peu long à faire. Et puis moi, je préfère toujours parler de l’avenir que du passé. Mais oui, on est la première association vélo qui a été fondée en France. Et moi, je suis très fier de continuer à porter cet héritage et à le réinventer en fait parce qu’on a eu les temps valeureux où le vélo était en train de disparaître. En fait, il fallait le défendre. Au début, on s’est appelé mouvement de défense de la bicyclette, mais c’était ça l’enjeu en fait. C’était le tout voiture les années 70. On est né en 74. On faisait encore les voies Georges Pompidou. On n’était pas en train de la piétoniser. Il fallait défendre. Après, on est passé à un temps où le vélo a réémergé. Donc, on était un peu faites-nous une petite place s’il vous plaît aussi du vélo. Donc ça, ça a donné mieux se déplacer à la bicyclette. Et aujourd’hui, on est dans un troisième temps pour moi où le vélo, au lieu d’être un fait minoritaire, est en train de devenir un fait de plus en plus majoritaire dans les modes de déplacement, même s’il n’y a pas une majorité de gens qui font du vélo encore au quotidien. En fait, il y a une majorité de gens qui vont, qui utilisent le vélo de temps en temps. Et c’est ça en fait qui fait qu’aujourd’hui, on est dans ce troisième temps. Et qu’est-ce qu’on fait en fait pour accélérer ce troisième temps ? Nous, on pousse pour qu’il y ait des pistes cyclables, bien évidemment. On essaie de s’organiser aussi au niveau des associations et de se professionnaliser. Ça, c’est très important. On a monté au niveau francilien un collectif vélo, le Collectif Vélo Île-de-France, qui regroupe toutes les associations de vélo pour parler d’une seule voix, pour être plus efficace, pour aller voir la région, les départements, en étant unis et puis en ayant une équipe. Maintenant, on est une équipe de trois salariés qui bossent pour faire avancer le vélo. Deux salariés pour MDB, trois salariés pour le collectif, pour ce collectif. Mais nous, on est partie prenante de ce collectif. Donc, c’est super. Et c’est ça aujourd’hui qui va nous permettre de faire avancer le vélo. Et par ailleurs, au niveau de nos activités, nous, on fait tout pour aider les cyclistes, leur donner des conseils. On marque les vélos contre le vol. On a des activités aussi de vélo-école pour apprendre à des adultes à faire des activités à faire du vélo. Il y a, ça existe, surtout des femmes, beaucoup de femmes migrantes, par exemple, qui n’ont pas eu la chance de faire du vélo quand elles étaient petites, donc n’ont jamais appris et qui veulent faire du vélo tout simplement, des fois, pour faire du vélo avec leurs enfants. Parce que leurs enfants font du vélo, ils disent, moi, j’ai envie de pouvoir faire une balade avec mes enfants. Et ça, quand vous arrivez à apprendre à des adultes à faire du vélo, et ils apprennent, ils apprennent tous. Des fois, c’est très rapide. Il y a des gens, c’est surprenant, en quelques heures ils y arrivent. Il y en a d’autre pour qui ça prends un peu plus de temps, ça dépends de leur équilibre, mais c’est hyper gratifiant. Donc, on a toutes ces activités, en fait, qui font à la fin le système vélo. Moi, je dis souvent, en fait, il y a savoir rouler à vélo, se débrouiller, et ça, en un sens, tout le monde, et l’objectif, c’est aussi qu’on puisse l’apprendre à l’école aujourd’hui. Et il y a le pouvoir rouler. Et si vous n’avez que des autoroutes, que des choses où il y a des bagnoles partout, en fait, vous ne pourrez pas faire de vélo parce que la ville sera hostile. Et donc, l’enjeu aussi, pour nous, c’est de rendre la ville aimable aux cyclistes et aimable à la pratique du vélo. Et ça, effectivement, quand on regarde du côté des Pays-Bas, quand on regarde du côté du Danemark, on se rend compte qu’on a encore un peu de boulot à faire en France. 

   

Ermanno: Bon, il ne faut pas venir voir du côté du Luxembourg parce qu’autant dans les grandes villes c’est assez bien fait. Dès que tu sors un petit peu de la ville et que tu habites un peu dans la campagne, c’est compliqué de se déplacer en vélo. Donc, il ne faut pas venir du côté de chez nous. 

   

Alexis : Et surtout, il y a beaucoup de grosses voitures. C’est ça. Je ne sais pas si le vélo de fonction sera bientôt mis en place. 

  

Ermanno: Pour certaines sociétés qui sont implantées en ville et notamment certaines institutions européennes aussi, c’est le cas. Je ne sais pas à quel niveau tu connais le Luxembourg, mais je sais que, par exemple, à la Commission européenne, il y a des vélos de fonction qu’on peut utiliser, qu’on peut prendre et il y a même des dédommagements dans le cadre de l’utilisation de vélos de fonction, tout comme les voitures. Je pense qu’on a fait un bon tour d’horizon déjà sur toi, sur l’association dont tu es le président. Je pense qu’on a fait Déjà, est-ce que tu peux nous raconter ton meilleur souvenir de cycliste urbain ou de vélo taffeur ? 

   

Alexis: Mon meilleur souvenir de vélo-taffeur, je pense que c’est effectivement d’avoir fait un retour entre Houille, en banlieue parisienne, et chez moi assez rapidement. Passer à travers la halle de la Défense, le parvis de la Défense que je ne connaissais pas et d’avoir trouvé un cycliste sympa qui m’a guidé dans les méandres jusqu’à ce que je trouve une ligne de vie. C’est très efficace en fait parce qu’il suffit de suivre la ligne et donc, je n’ai pas réfléchi, j’ai suivi cette ligne et j’ai réussi à ressortir de la Défense, pas par un escalier ou un ascenseur, et me retrouver du bon côté. J’étais content et donc, effectivement, le vélo-taff, c’est aussi de l’entraide et des fois, découvrir des coins où on se dit qu’on ne serait jamais passé à vélo et moi, c’est ce que j’aime souvent, c’est effectivement quand on a des rendez-vous un peu dans des coins où on n’a pas l’habitude d’aller, de se dire mais comment j’y vais à vélo ? C’est quoi le chemin pour y aller de manière à peu près sécurisée et à peu près agréable et puis, découvrir des lieux et puis, des fois, découvrir des astuces aussi en discutant avec les gens qui passent à vélo en demandant par où je peux passer pour que ça ne se passe pas trop mal. Si vous ne connaissez pas et que vous arrivez dans un lieu inconnu, souvent, vous n’allez pas prendre la bonne solution pour passer à la fois en sécurité et à peu près correctement sur des endroits un peu compliqués qui peuvent encore exister en Ile-de-France. 

  

Ermanno: Effectivement, si le vélo-taf se transforme en course d’orientation, on est parti pour la nuit. 

  

Alexis: C’est un peu ça. Il ne faut pas hésiter à demander aux gens parce qu’effectivement, sinon, on va suivre les voitures et c’est rarement la bonne solution. 

  

Ermanno: Toi, dans ton utilisation du vélo-taf, dans ta pratique du cyclisme urbain, tu utilise quel matériel ? Tu nous as parlé tout à l’heure de vélo cargo est-ce que tu ne te déplaces qu’avec un vélo cargo ? Est-ce que tu as un autre type de vélo, électrique, mécanique ? Comment ça se passe ? 

   

Alexis: Non, ça ne se raconte pas. Je vais devoir avouer combien j’ai de vélo. C’est toujours un sujet de discussion avec ma compagne. 

  

Ermanno: C’est toujours un petit peu plus éco-friendly que si tu racontes combien tu as de grosses voitures dans le garage. 

  

Alexis: Mais c’est tout aussi pas trop logique. J’ai un vélo cargo parce que j’ai deux enfants en bas âge et ça me permet de les déplacer. Ils ne sont pas encore totalement autonomes à vélo parce qu’ils ont 3 ans et 5 ans et donc le vélo cargo ça permets de les déplacer sur une distance un peu plus longue. Il a une assistance électrique parce que sinon, c’est dur pour les mollets dès que ça monte, sur le plat ça va. Mais dès que ça monte, c’est quand même assez dur. Donc j’avoue, il a une assistance électrique. J’ai un vélo hollandais dont je me sers au quotidien, que j’ai acheté d’occasion et donc je me dis, j’ai mis une grosse caisse à l’avant. Il est bridé à 20 km/heure parce qu’au-delà, il n’est pas conçu pour et il est tellement lourd que ça ne marche pas. Mais il fait bien son job et pour l’instant, il n’a pas l’air d’intéresser les voleurs parisiens. Donc c’était aussi une des conditions que j’avais pour le vélo urbain de pouvoir le stationner sans me poser de questions. Donc ça, c’est important. Donc ça, c’est celui que j’utilise le plus au quotidien. J’ai un vélo de randonnée dont je me sers moins souvent. Maintenant que j’ai des enfants, j’ai moins l’occasion de partir barouder à vélo. J’ai un Brompton. Ça, c’est un petit plaisir que je me suis fait l’année dernière parce que la vie était dure et que des fois, il faut se faire un peu plaisir. Et effectivement, c’est bien pratique, surtout sur l’intermodalité. En fait, quand on prend le train, quand on prend le RER et faire RER plus vélo avec le petit vélo pliant, c’est extrêmement performant en termes de temps de trajet, en fait. Et c’est assez impressionnant le temps qui est gagné grâce au vélo pliant. Donc ça, l’intermodalité train plus vélo, ça marche. Et puis après, j’ai un vélo aussi pour aller plus faire des tours de vélodrome au Bois-de-Vincennes, là où il y a tous les cyclistes qui s’entraînent. Mais ça, j’ai moins en moins de temps. Et en fait, moi, de plus en plus, je profite des trajets urbains aussi comme un moyen de faire du vélo aussi que je n’ai pas le temps de faire. Quand vous avez deux enfants et tout ça, il faut prendre une heure, deux heures pour aller faire du vélo, tourner en rond vous avez moins de temps tout de suite. Donc si en fait, les une heure ou deux heures de vélo dans la journée, vous pouvez les faire parce que vous allez à votre rendez-vous à vélo, vous rentrez du boulot et vous faites votre séance physique, vous faites votre séance de vélo, sans avoir consacré du temps dédié. Et c’est ça aussi l’intérêt. Moi aussi, je n’ai pas besoin d’abonnement à la salle de sport.  

Ermanno: C’est sûr. Donc finalement, le télétravail, ce n’était pas l’idéal parce que tu es obligé de rester enfermé ?  

  

Alexis: C’est un peu frustrant le télétravail. En fait, ça a des bons côtés, mais sur le côté, il y avait des fois, j’avais vraiment des fourmis dans les jambes et je trouvais toutes les excuses pour trouver une raison de sortir. Bon, je vais aller à la boulangerie qui est à deux kilomètres et pas celle qui est en bas de chez nous parce que le pain est meilleur…mais oui, il y a un peu de fourmis dans les jambes des fois quand on n’a pas la possibilité de faire du vélo pendant un petit moment. 

   

Ermanno: Si tu devais, peut-être en trois bullet points, trouver des arguments pour promouvoir l’utilisation du déplacement à bicyclette pour replacer un petit peu le nom de l’association ou l’utilisation du vélo-taf, qu’est-ce que ce serait ? 

  

Alexis: Je pense que c’est le plaisir  quotidien d’avoir ce petit moment de détente et de sas de décompression et donc ça, je pense que c’est l’argument numéro un. L’argument numéro deux, c’est que c’est fiable, ça fait gagner du temps. Moi, je vais chercher mes enfants à l’école, à la sortie de la crèche, ça ferme à 18h20. Il faut y être à 18h20, donc à vélo, j’ai toujours été à 18h20. Je n’ai jamais stressé parce que mon métro était bloqué ou que j’étais coincé dans les bouchons. Ça va, je pars à 18h moins 5 du travail, je suis sûr d’être à 18h20 devant l’école ou la crèche donc c’est hyper fiable. Et le troisième point, c’est de dire que vous n’êtes pas obligé d’en faire tout le temps en fait. Si à un moment, vous êtes fatigué, il pleut, vous ne vous sentez pas, il n’y a pas d’obligation. C’est sans obligation d’achat, allez-y progressivement et vous verrez, je suis certain que plus on s’y met, plus on en fait, mais il ne faut pas se sentir obligé, il faut que ça reste un plaisir. 

  

Ermanno: Pour terminer, si tu devais passer le micro pour écouter quelqu’un s’exprimer dans ce podcast, à qui est-ce que tu penserais que ce soit homme, femme, enfant, francophone quand même, c’est plus pratique, qui tu pourrais nous recommander ? 

  

Alexis: Plein de gens inspirants dans le monde du vélo aujourd’hui, au niveau français, bien évidemment, le président de la Fédération nationale, Olivier Schneider, qui est quand même quelqu’un qui a fait énormément pour le vélo ces dernières années et c’est très impressionnant ce qui a été fait et je pense que j’aimerais bien qu’il puisse participer aussi à ce podcast. 

  

Ermanno : Je prends bonne note, peut-être que je te demanderais une petite introduction si jamais je n’arrive pas à le contacter directement. 

  

Alexis: Avec plaisir. 

  

Ermanno: Une dernière fois, est-ce que tu peux nous rappeler le nom de l’association dont tu es président ? Où est-ce qu’on trouve des informations sur cette association ? Et puis, si on est francilien, comment est-ce qu’on la rejoint ? Et si on n’est pas francilien, est-ce qu’il y a des antennes un petit peu partout pour adhérer au mouvement du déplacement à bicyclette ? 

  

Alexis : Alors, l’association s’appelle Mieux se Déplacer à Bicyclette. Vous pouvez adhérer quel que soit l’endroit où vous êtes dans le monde. Après, nous, notre action, elle est localisée sur l’île de France. Il y a plein d’autres assos en France et maintenant, partout en Europe, dans les réseaux européens, vous avez forcément une association à côté de chez vous. C’est très facile de nous rejoindre. On est présents sur les réseaux sociaux. On est présents avec notre site internet. On peut adhérer en ligne. Ça prend cinq minutes. Et puis après, c’est surtout à aller rencontrer localement. Vous regardez sur la carte si on a une antenne chez vous. Si on n’a pas d’antenne, nous, on est toujours contents si vous voulez vous motiver dans votre ville, faire un peu comme ce que j’ai fait en fait à un moment. Moi, j’ai créé l’antenne locale en disant, moi, s’il n’y a personne qui se bouge, je suis motivé pour faire bouger les choses. N’hésitez pas! Voilà, c’est comme ça qu’on fait avancer les choses. À un moment, quand les élus, ils n’ont pas de pression, quand on leur demande rien, il peut y avoir une demande. Si elle n’est pas exprimée, en fait, ça ne bouge pas. Si on se bouge, ça bouge, ça finit par bouger. Et donc, c’est vraiment l’invitation que j’ai aussi à tous les cyclistes qui écouteront ce podcast. C’est de se dire si vous voulez bouger les choses, si vous voulez arrêter de râler dans votre coin ou si vous voulez que ça change, rejoignez une association, ça peut commencer par lui verser 10, 20 euros, ça l’aidera à faire son boulot et si vous voulez faire plus, après, vous pouvez le faire aussi, mais commencez par donner 10 balles à une association, ce n’est rien du tout, ça prend 5 minutes et ça nous aide. 

  

Ermanno: Super! Merci beaucoup Alexis. J’espère que le message est entendu. Chères auditrices, chers auditeurs, si vous avez apprécié cet épisode, n’hésitez pas à aller déjà faire un tour sur le site internet de Mieux se Déplacer à Bicyclette, sur un site des associations partenaires si vous n’êtes pas localisé en Ile-de-France et puis, par rapport au podcast, n’hésitez pas à aller mettre une petite note 5 étoiles sur Apple Podcast et à nous laisser un petit commentaire, ça nous permet de nous améliorer et de promouvoir non seulement le podcast mais aussi et surtout le vélo-taf. Merci beaucoup encore Alexis. Je te souhaite une bonne journée, une bonne continuation et puis bon trajet à vélo ce soir pour rentrer à la maison. Merci beaucoup. Ciao. 

 Alexis: Bonne journée à toi. 

co-fondateur du podcast et co-auteur du livre DEVENIR TRIATHLÈTE
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Podcasts, SwimRun, UltraRunner et Papa x 4 enfants je cours après le temps, mes passions et mes petits amours.